Ils conçoivent un disque audio à base d’algues

Crédit photo : Guillaume Julien

A l’origine de cette aventure chimico-artistique se trouve Caroline Desnoëttes, une artiste plasticienne engagée et optimiste, passionnée par le fait de faire dialoguer l’art et la science. « Depuis trois ans, j’avais cette idée tenace de faire tourner un disque microsillon en algues qui diffuse le chant fragile des baleines et autres cétacés » explique l’artiste désireuse d’ancrer son œuvre dans un démarche écologique, collective et interdisciplinaire.

Aujourd’hui l’idée est devenue réalité avec Vox Oceano, premier disque 100% naturel fait à base d’algue.

 

Crédit photo: Fabrice Gaboriau

Pour son projet, l’artiste a fait appel à Jean-Luc Audic, chercheur en chimie des matériaux dans l’équipe Chimie et Ingénierie des Procédés à l’ENSCR et rattaché à l’ISCR, l’Institut des Sciences Chimiques de Rennes. L’artiste collabore également avec Olivier Adam, bio-acousticien (Sorbonne), Kevin Cascella (CNRS) et Philippe Potin, chercheur CNRS/Sorbonne à la Station biologique marine de Roscoff pour l’expertise et la collecte des algues.

« La démarche artistique à la base de ce projet permet de se questionner sur le support d’enregistrement à proprement parler, car si le disque vinyle revient en force depuis quelques années déjà, jusqu’à dépasser le marché des CD aux Etats Unis, il est toujours fabriqué à partir de PVC, un plastique issu du pétrole dont l’incinération produit des rejets chlorés très polluants » explique Jean-Luc Audic. 

« C’est pourquoi, en plus des algues, de nouveaux matériaux innovants entièrement biosourcés ont été utilisés pour fabriquer des disques microsillons « verts » issus en totalité de ressources renouvelables. Ces disques peuvent ainsi être fabriqués et pressés selon le même processus que les vinyles classiques et permettent de restituer un son comparable à celui du support historique. Les premiers tests de matière ont été faits avec des algues brunes ou vertes. Cela a permis d’éprouver la matière, de la chauffer, de la presser avec des résultats encourageants »

La suite des opérations s’est déroulée dans l’atelier des Matériaux Parisiens où ont été réalisés les premiers disques dans un moule en acier, chauffés et pressés. « Après de nombreux essais, c’est finalement entre une plaque de marbre et une bouteille de verre chauffées que les pellets de matière ont été façonnés en 45 tours » explique l’artiste. Puis les tests de gravure des enregistrements des chants de baleines ont été réalisés chez Discomaton. « Désormais, je crée des 33 tours dans mon atelier à partir d’un moule et de rouleaux en marbre. Un long et délicat travail de ponçage assure ensuite une meilleure gravure du son ».

Caroline et Jean-Luc ont participé fin mars à l’évènement Change NOW au Grand Palais Ephémère à Paris lors duquel ils ont présenté l’œuvre VOX OCEANO. Tous deux ont ainsi pu démontrer de manière très concrète, le dialogue possible entre une artiste plasticienne, des scientifiques R&D et des industriels de la musique.